En 1920, lors du congrès de Tours, il fait une intervention remarquée en faveur de l'adhésion à l'Internationale communiste (Komintern). En Thaïlande le maximum des pluies est en septembre. Chacune des factions vietnamiennes tente de trouver des appuis politiques en Métropole : Hanoï envoie une délégation, conduite par Phạm Văn Đồng, auprès des députés de l'Assemblée constituante, tandis que les autonomistes envoient le colonel Nguyễn Văn Xuân rencontrer des responsables politiques[347]. Passé l'émotion liée à la guerre d'Indochine et notamment à la bataille de Diên Biên Phu, la colonisation indochinoise a surtout été abordée par le biais de la « curiosité », ou au contraire de l'exaltation de la « libération nationale ». La guerre permet en outre des rentrées d'argent en Métropole, non seulement du fait de la surestimation de la piastre, mais aussi en raison des achats massifs de produits français réalisés par le personnel militaire et tous les acteurs publics et privés en Indochine. Les élites indigènes expriment désormais leurs doléances par le biais de partis politiques : en 1923, l'ingénieur agronome et patron de presse Bùi Quang Chiêu fonde le Parti constitutionnaliste, une formation nationaliste et légaliste influencée par les idées de Phan Châu Trinh. Avant même le début de la Seconde Guerre mondiale, l'Indochine française est impliquée dans la guerre sino-japonaise, commencée en juillet 1937. Les Chinois investissent également le Laos, que les troupes d'occupation japonaises ont pourtant déjà évacué pour se réfugier en Thaïlande[316]. La conférence de Fontainebleau s'ouvre le 6 juillet, en présence de Hô Chi Minh et de Phạm Văn Đồng. Le Tonkin est dès lors détaché de facto de l'Annam, et les mandarins y sont soumis à un contrôle étroit de l'administration française, représentée par le résident général, quatre résidents et onze vice-résidents[62]. Le Cambodge et le Laos conservent au contraire leur homogénéité religieuse, le bouddhisme demeurant largement dominant[167]. L'expansion de la rizière s'arrête net en Cochinchine : 15 % des rizières ont été abandonnées en 1933, et de nombreuses sociétés ferment boutique ou changent de main, au profit d'organismes de crédit, d'usuriers ou de grandes sociétés. Après avoir tenu Norodom en défiance, la France finit en juillet 1886 par obtenir son aide pour calmer la révolte, en promettant que les coutumes cambodgiennes seront dûment respectées[32]. Les bactériologistes français font progresser la connaissance et l'enseignement de la médecine en Indochine. Malgré l'utilité qu'ils trouvent au clergé bouddhiste, les Français ont tendance, au Cambodge et au Laos, à se méfier du sangha qui apporte aux populations des valeurs alternatives au système colonial. Cette optique le pousse à confier davantage de responsabilités à des mandarins, qui sont notamment chargés d'écraser les soulèvements. Alessandri parvient le 19 septembre à revenir à Hanoï ; les Français comme le Việt Minh doivent entamer de laborieuses négociations avec les Chinois pour obtenir leur retrait[315]. L'empereur Tự Đức, de son côté, ne désespère pas de récupérer ses provinces perdues ; il tente d'en négocier le rachat en envoyant en ambassade le mandarin Phan Thanh Giản. Le 31 juillet 1898, afin que la colonie ne pèse plus sur les finances de la France, un budget général de l'Indochine est créé, réunissant les budgets particuliers de toutes les entités indochinoises[36], y compris le Laos[41], que Doumer unifie l'année suivante sur le plan administratif[37]. Conscient du problème créé par la grande disparité des salaires entre fonctionnaires français et indochinois, le gouverneur général s'attache à réduire l'écart de revenus : un décret de 1941 augmente nettement les ressources des mandarins[248]. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'Indochine fut occupée par le Japon tout en restant jusqu'au bout fidèle à Vichy. Au Cambodge, ils sont 1 068 en 1913, 1 515 en 1921, et 2 023 en 1936. Ce sont en effet les colonisateurs qui choisissent le successeur du monarque défunt, en la personne de son frère Sisowath, qui avait déjà été pressenti vingt ans auparavant pour prendre le trône ; les rois suivants sont également choisis par les Français[68]. Alexandre Varenne, gouverneur général de 1925 à 1928, s'attache à augmenter le nombre d'écoles tout en recommandant aux enseignants de ne pas apprendre aux indigènes que « la France est leur patrie » et de veiller à ce qu'ils aient « un enseignement asiatique qui leur soit utile dans leur pays »[163]. Les opérations spéculatives à court terme des exportateurs de paddy et des banques viennent encore aggraver la situation, comme d'ailleurs dans le reste de l'Asie du Sud-Est. Entre-temps, les cellules clandestines du PCI se reforment progressivement, grâce au soutien décisif du Komintern qui renvoie notamment en Indochine une vingtaine de cadres formés à Moscou. Le 15 février 1955, le commandement français transmet à la mission d'assistance militaire américaine (Military Assistance Advisory Group) la responsabilité de la formation des troupes sud-vietnamiennes[453]. Leur population — sans compter celle de Kouang-Tchéou-Wan — est estimée en 1940 à 326 000 personnes[103]. À partir des années 1890, l'économie indochinoise s'industrialise, avec notamment le développement du secteur minier et l'exploitation du bassin houiller du Tonkin, qui bénéficie d'un exceptionnel gisement d'anthracite. Le Gouvernement chinois, inquiet des tensions avec le Japon à propos de la Corée et occupé par une insurrection interne, finit par renoncer. Des Français entretiennent par ailleurs, à titre individuel, de bons rapports avec les populations locales. Dans les années qui suivent, une triple pression, à la fois religieuse, militaire et commerciale, s'exerce toujours sur le Gouvernement français pour le pousser à intervenir militairement dans la péninsule indochinoise. Les industries de transformation (textiles, brasseries, cigarettes, distilleries - sous le monopole de la Société française des distilleries de l'Indochine de 1903 à 1933 - , cimenteries…) se développent également mais, sous la pression des industries de Métropole qui en craignent la concurrence, elles doivent se tourner vers les marchés asiatiques ou sur des secteurs particuliers de l'économie métropolitaine. Et cela, aussi bien du côté du neuf que des produits Indochine Pays occasion. Ces cours d'eau se terminent par de très vastes deltas, ceux du Mékong (région de Cochinchine) et du Fleuve Rouge (ou Sông Kôi)(région du Tonkin) au Viêt-nam. La solution du protectorat, forme de « compromis » permettant de maintenir en place les dynasties, finit cependant par l'emporter tout à fait en 1891[34]. Le premier gouvernement de la Quatrième République prend ses fonctions fin janvier 1947 : le socialiste Paul Ramadier, nouveau président du conseil, déclare qu'il sera nécessaire d'unir « les trois pays annamites » et prononce le mot d'« indépendance », en précisant que celle-ci se ferait « dans le cadre de la Fédération indochinoise et de l'Union française ». Le 28 août 1946, un Royaume du Laos unifié est proclamé, sous l'autorité du roi Sisavang Vong[356]. C'est à Saïgon (Cochinchine), qui fait figure de capitale économique de l'Indochine, que se trouve à la même époque la plus forte densité de population européenne, avec 16 084 personnes, soit 0,35 % des habitants[91],[92]. Bollaert, déçu par l'impasse de la situation, ne sollicite pas le renouvellement de son mandat. « Indochine, Vietnam : colonisation, guerres et communisme ». En juin 1866, l'une de ces attaques décide l'amiral de La Grandière à procéder à de nouvelles annexions. En janvier 1947, la France bénéficie du ralliement officiel de la milice caodaïste. La Cochinchine sert à tous égards de « laboratoire » avec la création, en 1879, de l'enseignement franco-indigène, qui prend modèle sur l'école publique française. Puis, annonçant son intention de poursuivre jusqu'au bout la « croisade pour l'indépendance », il rentre au Cambodge où, après un bref exil en Thaïlande, il s'installe loin de la capitale, dans la province de Battambang, en appelant son peuple à la mobilisation et en refusant tout contact avec les Français[425],[397]. La période coloniale a également enraciné dans leurs cultures l'idée de nation, que ce soit au Laos et au Cambodge qui ont été détachés du monde thaï, ou au Vietnam par le biais du traumatisme de la séparation du territoire puis de sa reconquête. Le théoricien politique Phạm Quỳnh, inspiré de Barrès et Maurras, prône un renouvellement des institutions annamites et une association loyale avec la France : ses idées, bien que modérées, éveillent la méfiance des colons qui le considèrent comme un dangereux nationaliste. La colonie de Cochinchine est le théâtre des premières expérimentations : pendant la période du gouvernement militaire de la colonie, les amiraux laissent d'abord péricliter l'enseignement traditionnel, tout en imposant le quốc ngữ dans l'administration. La période de la guerre d'Indochine a apporté un bouleversement supplémentaire aux sociétés indochinoises, jusque-là très rurales, en provoquant un exode massif des campagnes vers les villes : la population de Saïgon est ainsi passée d'environ 500 000 personnes en 1945 à 2 millions en 1954[445]. Si les États-Unis s'abstiennent pour le moment d'envoyer leurs troupes, ils sont cependant de plus en plus inquiets de la tournure des évènements en Indochine où ils constatent que leur aide financière n'a pas suffi à empêcher les communistes de prendre le dessus. La reconquête de l'Indochine coûte 700 hommes (tués, malades ou déserteurs) au Corps expéditionnaire[326]. Phetsarath est proclamé chef de l'« État lao » (Pathet Lao) : le gouvernement indépendantiste compte parmi ses ministres le frère de Phetsarath, Souvanna Phouma, et son demi-frère Souphanouvong. Laniel s'y oppose, tout en affirmant qu'il serait heureux d'explorer toute possibilité de solution diplomatique. Le Cambodge organise en septembre ses premières élections qui sont, au déplaisir du souverain, remportées par le Parti démocrate, une formation d'orientation nationaliste dirigée par le prince Sisowath Youtevong ; ce dernier devient premier ministre en décembre. Les dirigeants de Saïgon — mais aussi la CIA avec l'opération Passage to Freedom — facilitent ce transfert de population : les exilés nordistes passés au Sud forment par la suite l'une des bases les plus solides du pouvoir de Diệm[449]. En Cochinchine, en 1938, 59 % des postes sont possédés par des Vietnamiens. La colonie française est en effet, via le chemin de fer du Yunnan et à l'instar de la Birmanie britannique, l'un des poumons du gouvernement nationaliste chinois de Tchang Kaï-chek, replié à l'époque à Chongqing : c'est par ce biais que la république de Chine peut continuer à être ravitaillée et à recevoir du matériel militaire[225],[226]. Le 20 novembre, un grave incident éclate lorsque les troupes vietnamiennes ouvrent le feu sur un canot de la Sécurité navale française. Le 9 novembre, le Royaume du Cambodge proclame son « indépendance totale »[428] ; les négociations avec la France sur les dévolutions de compétences économiques et diplomatiques se poursuivent cependant pendant plusieurs mois[429]. Il leur est en effet impossible de remplacer les monarchies vietnamienne et khmère et les organisations sociales lao : un débat a cependant lieu entre les tenants de la solution du protectorat et ceux de l'administration directe, qui s'appuient sur l'expérience accumulée en Cochinchine. Dans l'immédiat après-guerre, l'économie indochinoise est dans un état désastreux. Ceux-ci sont renforcés, en Haute-Région tonkinoise, par des tirailleurs muong et tais qui complètent les effectifs. Rapidement, la jeunesse instruite indigène se radicalise. Au Tonkin, où se trouve la capitale administrative, Hanoï, la population est surtout constituée de fonctionnaires : le recensement de 1937 y relève 18 171 Européens. C'est également Doumer, par ailleurs, qui décide que la capitale de l'Indochine française sera Hanoï, plutôt que la capitale économique Saïgon ou la capitale impériale Hué[53]. Le texte, dont le mot « indépendance » est absent, prévoit cependant des négociations pour définir le statut futur de l'Indochine, de même qu'un référendum sur la réunification des trois pays vietnamiens. Le rapprochement du Japon avec l'Allemagne nazie fait désormais craindre que la situation en Europe n'ait des répercussions sur celle de l'Indochine, alors que le Japon exprime une hostilité croissante envers les empires coloniaux occidentaux[225]. Le Nagara Vatta est interdit et son rédacteur en chef, Pach Chhoeun, condamné à la prison à vie. À l'automne, le GPRF décide de la création d'une force expéditionnaire en Extrême-Orient destinée à appuyer les Alliés sur le front Asie-Pacifique et à reprendre l'Indochine. Les étudiants y sont en majorité vietnamiens et français, avec quelques Khmers et Lao[155]. En Cochinchine — où la colonisation a été confrontée, dans les premières années, à un vide administratif — le personnel indigène est d'emblée coiffé par des responsables français[70]. En 1949, le Pathet Lao comme les Khmers issarak se réduisent à quelques groupes présents dans des régions frontalières ou montagneuses, et restent dépendants du soutien du Việt Minh. Mais il échoue sur le long terme à imposer ses vues face aux colons et aux fonctionnaires conservateurs, qui finissent par obtenir son départ en 1928[117]. Ils ne sont cependant, cette année-là, que 648 à obtenir le diplôme d'études primaires supérieures franco-indigènes et 75 le « baccalauréat local ». Le Laos est cependant le pays dont la population est la plus hétérogène : en 1931, pour 485 000 Lao, on y dénombre officiellement 459 000 non-Lao. Entre 1933 et 1935, six trotskistes parviennent à se faire élire au conseil municipal de Saïgon. Le premier manuel de grammaire en langue lao est publié en 1935 par Vivarong avec le soutien du prince Phetsarath ; les règles orthographiques de la langue sont simplifiées pour permettre à un plus large public d'accéder aux textes bouddhiques[171]. La France ne peut établir avec les pays de l'ex-Indochine des liens post-coloniaux comparables à ceux qu'elle entretient avec le reste de son ancien empire — notamment en Afrique — du fait du contexte que subissent ces trois États, placés en première ligne de la guerre froide. Ce n'est que dans les années 1920 que les rapports entre la Banque et l'État français se dégradent, à la suite de projets interventionnistes du gouvernement. La proclamation, qui eût semblé audacieuse dans l'entre-deux-guerres, apparaît dépassée en 1945 ; tout en demeurant floue sur de nombreux points — notamment sur l'organisation de la fédération, que devra définir la future assemblée constituante — elle montre une ignorance des réalités vietnamiennes en s'en tenant à la division de l'Indochine en « cinq pays »[286]. Le roi Norodom Sihanouk joue habilement en faisant savoir aux Français qu'il leur demande de reprendre leur rôle de protecteurs ; Leclerc peut alors, le 15 octobre, arrêter sans difficulté le Premier ministre indépendantiste Son Ngoc Thanh, qui est envoyé en France. Du fait de sa gratitude envers Pigneau de Behaine, il s'abstient cependant d'expulser les missionnaires. Les responsables souhaitent désormais avant tout sortir du conflit : le 29 octobre, la SFIO dépose une motion invitant le gouvernement Laniel à traiter avec Hô Chi Minh. Enfin, le rôle de l'instruction dans la formation d'une élite indigène, est, à terme, générateur de tensions. Thomson choisit finalement d'user de menaces directes pour faire plier le monarque cambodgien ; il se rend à Phnom Penh accompagné d'une canonnière qui jette l'ancre en vue du palais royal, où il pénètre le 17 juin accompagné de soldats en armes. Les grèves ouvrières ont un immense retentissement dans les campagnes : les plantations sont également paralysées, et les paysans se mobilisent contre les taxes[219],[220]. Dès lors, le système colonial s'appuie largement sur une administration indigène. Malgré ce développement, l'économie indochinoise demeure très inégalitaire : les chef d'entreprises vietnamiens ne possèdent que de petites sociétés, dont aucune n'emploie plus de 200 ouvriers[140]. Le 20 novembre, une vaste opération permet l'occupation de Ðiện Biên Phủ par les troupes françaises. En juin 1950, une conférence inter-États s'ouvre à Pau, sous la présidence d'Albert Sarraut[387] pour discuter des aspects techniques et juridiques du transfert de compétences aux États associés indochinois. À l'été 1945, la guerre du Pacifique s'achemine vers sa fin. Un premier recensement de la population est effectué en 1901 en Cochinchine. Début 1946, les forces franco-laotiennes parviennent à ouvrir la voie vers le Nord au prix de violents combats contre les Lao Issara et leurs alliés Việt Minh locaux, voire de heurts avec les troupes d'occupation chinoises. Comme les monarchistes, les communistes profitent, en 1940, de l'invasion japonaise pour fomenter une insurrection. Souphanouvong, arrivé dans le sillage de ses alliés vietnamiens, peut alors installer son gouvernement Pathet Lao à Sam Neua[417]. Elles sont démonétisées en 1914, mais demeurent cependant utilisées au-delà de 1939 dans les campagnes de l'Annam et du Tonkin. En mai 1952, les Français estiment avoir suffisamment nettoyé la région du delta du fleuve Rouge ; ils doivent cependant compter, pour obtenir un effet durable, sur la capacité du régime de Bảo Đại à entreprendre des réformes et prendre en charge l'administration. En outre, une fois arrivé à Biarritz, il doit patienter dans le Sud de la France en raison de la chute du gouvernement Gouin. Tsuchihashi est une nouvelle fois envoyé à Hanoï et demande à pouvoir vérifier lui-même qu'aucun matériel de guerre ne transite par le chemin de fer du Tonkin. Dès la fin de l'année, cependant, le commandant français est rattrapé par la maladie : atteint d'un cancer, il quitte l'Indochine le 13 novembre pour se faire soigner en France, où il meurt le 11 janvier 1952. Malgré cette déconvenue, les nationalistes vietnamiens non communistes continuent de miser sur le soutien du Japon[238]. Au cours de son second mandat, Sarraut, conseillé par son directeur des affaires politiques Louis Marty, pousse plus loin ses audaces : les collèges électoraux sont élargis, afin de renforcer la « collaboration franco-annamite » (en vietnamien, Phap Viet dê huê)[58]. En outre, le cabinet d'« union nationale » de Tâm, s'il compte des représentants des principales forces anticommunistes comme le Đại Việt et le VNQDD n'est soutenu franchement par aucune d'entre elles : VNQDD, catholiques, Đại Việt, Hòa Hảo et caodaïstes jouent chacun leur propre jeu, et Tâm apparaît trop comme l'« homme des Français » pour convaincre les nationalistes vietnamiens. Les difficultés grandissantes de communications avec l'Europe rendent cependant leur acheminement difficile : l'Indochine doit dès lors diversifier son économie et mise davantage sur les échanges commerciaux avec Singapour et les États-Unis. Malgré des effectifs réduits — 68 policiers français et 242 vietnamiens en 1934 — la Sûreté se montre d'une efficacité redoutable, grâce notamment à des ramifications en Chine et au Siam, et à un système très bien organisé de recueil et de traitement des informations. La situation économique procure du travail aux paysans vietnamiens, mais elle est loin de leur garantir à tous la prospérité ; le fermage demeure le mode d'exploitation le plus répandu[129]. En Indochine même, les réformistes placent des espoirs dans la personne de l'empereur Bảo Đại. La monnaie qui circulait en Indochine de 1885 à 1952 était la piastre indochinoise. Les quelque 6 000 ouvriers travaillant dans les mines laotiennes — qui représentent l'unique industrie de ce protectorat — sont d'ailleurs vietnamiens[137]. Hô Chi Minh propose une conférence pour toute l'Indochine, mais les pourparlers butent toujours sur la question du statut de la Cochinchine, où les Français encouragent l'autonomisme. Revue du monde, ancien et nouveau, Vol. Il accepte alors de conclure un accord avec les Français, et remanie dans le même temps son gouvernement pour y inclure les nationalistes de droite. Jusqu'en 1931, l'État n'est représenté dans son conseil d'administration que par un commissaire du gouvernement, qui n'a pas de droit de veto. Mais le caodaïsme prône également des relations sociales nouvelles, ce qui lui permet de pénétrer dans le monde paysan ; il compte bientôt des centaines de milliers de fidèles, guidés par son « pape » Pham Cong Tac. Il poursuit son action en tant que ministre des Colonies ; son discours se traduit concrètement par la réforme électorale du 9 juin 1922, qui porte le collège électoral indigène du Conseil colonial de Cochinchine de 1 800 à 20 000 électeurs (sur trois millions d'habitants) et sa représentation à dix sièges sur vingt-huit, au lieu de six[58]. Les campagnes communistes, que viennent renforcer en 1949-1950 des scandales comme l'affaire des généraux et le trafic des piastres, sont relayées par les milieux intellectuels de gauche et par des journaux comme Témoignage chrétien[382]. Le télégraphe sans fil, plus rapide que la télécommunication par câbles sous-marins, fonctionne à partir de 1904[150], et la radioélectricité à partir de 1921[151]. Le souverain cambodgien, qui voit dans l'arrivée des Français une occasion de se libérer de la tutelle siamoise après celle des Vietnamiens, se tourne alors vers les nouveaux colonisateurs. Bertrand Christophe, Herbelin Caroline et Klein Jean-François(dir.). À partir de 1943, les Alliés bombardent l'Indochine afin de détruire les infrastructures militaires et économiques nippones ; Hanoï est durement touchée en décembre par une attaque qui fait de nombreuses victimes civiles. C'est cependant dans les provinces de Battambang et Siem Reap, que le Siam a dû céder, que des insurrections plus sérieuses se déclenchent, en grande partie à l'instigation du gouverneur siamois de Battambang : les Français doivent y affronter des bandes comptant plusieurs centaines d'insurgés, et ne parviennent à pacifier la région qu'en 1912. Alors que se constitue une classe de propriétaires fonciers indigènes — dont certains sont absentéistes mais dont la plupart s'impliquent dans la communauté et gèrent leurs fermiers de manière paternaliste — les paysans pauvres ont tendance à s'appauvrir encore, et sont particulièrement vulnérables aux accidents climatiques[108]. Mais les troupes annamites, les Pavillons noirs et les irréguliers chinois continuent de combattre au Nord ; cette prolongation des hostilités, de plus en plus coûteuse, pose des difficultés aux troupes françaises qui manquent de renforts, et réveille les divisions politiques à Paris. Hô Chi Minh se désintéresse rapidement du Đồng minh Hội mis en place par les Chinois et, vers la mi-1944, multiplie les ouvertures en direction des Américains. Une convention militaire doit définir les modalités de l'application de l'accord : Decoux tentant d'en retarder la signature, les Japonais posent un nouvel ultimatum, en menaçant de faire forcer le passage par leur Armée du Guangdong. Gracey parvient ensuite, sous la menace, à contraindre les troupes japonaises à assurer leurs tâches de maintien de l'ordre. Le 12 septembre, les troupes britanniques et indiennes commandées par le général Douglas Gracey — 1 800 hommes environ, accompagnés de quelques Français du corps léger d'intervention — commencent à débarquer à Saïgon, avec pour mission de désarmer les 60 000 Japonais présents dans la colonie. Dans les premiers temps de la colonisation, les écoles françaises attirent notamment des indigènes de condition modeste auxquels l'apprentissage du français offre une possibilité d'intégrer l'administration, donc de promotion sociale[156]. Les Français réagissent alors en envoyant sur place un représentant, l'explorateur et diplomate Auguste Pavie. À partir de 1907, les orphelins identifiés comme métis sont pris en charge par des associations laïques ou confessionnelles, qui veillent à leur éducation et à leur intégration dans la société coloniale. George Groslier mène à ce titre une action décisive pour la renaissance des arts au Cambodge, où ils étaient alors en voie d'extinction. L'insurrection se limite en effet à défendre la légitimité du pouvoir impérial, alors même que les Nguyễn ne font plus l'unanimité, et que les Français parviennent progressivement à gagner le soutien du mandarinat. En outre, le statut de Luang Prabang n'est pas formalisé par un traité de protectorat en bonne et due forme et demeure imprécis[40].
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